Louis, dit Marcel, un poilu du 168ème Régiment d'Infanterie dans la Première Guerre Mondiale.
Quand la guerre arrive en 1914, Louis, dit Marcel, mon grand-père paternel a déjà deux ans de service militaire derrière les bretelles. Né en 1892 et mobilisé à 20 ans, il a 22 ans au début du conflit.
Je n'ai que quelques photos de lui de cette époque, et non datées.
Il est là, tout en haut, sous la croix, discret et essayant presque de se faire oublier. Avant ou pendant le conflit, difficile de le dire.
On peut penser que le conflit a commencé, les mitrailleurs posent fièrement derrière leur armes. Marcel est toujours un peu en retrait, il est serveur d'artillerie, c'est à dire qu'il est chargé d'approvisionner la machine infernale.
Cette fois, on est beaucoup plus tard, Louis est au premier rang, son visage a mûri, il a pris de l'assurance et pose crânement en arborant sa première médaille dont la forme fait penser à la croix de guerre.
Rien ne va plus...Marcel ne finira pas la guerre entier. Pendant "l'offensive Mangin " du 18 juillet 1918, du côté de Villers-Côterets, un projectile, balle de mitrailleuse ou éclat d'obus lui perforera la jambe doite. Il sera amputé de toute la jambe et devra porter une jambe de bois, un "pilon", comme on disait à l'époque. On le voit là lors d'une remise de médaille dans un centre de convalescence.
Onze ans plus tard, Marcel a bien grossi, il faut dire qu'une jambe en moins ne facilite pas la mobilité! Il pose là, au milieu de sa section d'anciens combattants et mutilés de guerre, à l'occasion de la remise d'une Légion d'Honneur tardive. L'armée, brave fille bien que grande dévoreuse de vies, lui a appris un nouveau métier : cordonnier, qu'il pratiquera à domicile dans son petit village des Vosges. Il s'est vu également octroyé une pension de mutilé de guerre à 90%, pension sans doute modeste, en raison du nombre des pensionnés.
Bilan de 6 ansde vie militaire: 8 médailles, 3 citations et une jambe en bois...et sans doute bien heureux d'avoir sauvé sa peau ! Seul petit-fils, je suis détenteur de sa mémoire, moi que ne le connais que par photos et documents interposés, puisqu'il est mort d'une scepticémie due à son amputation et sans doute mal soignée, alors que j'avais trois mois !